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- PRDH: 9793
http://www.rolaro.ca/larojean/Marie_Suzanne.htm:
Après, on n’entend plus parler de Marie avant le 25 février 1702 alors qu’à 17 ans, elle épouse Alexandre Turpin, maître d’armes, âgé de 61 ans qui en est à son troisième mariage et qui a déjà engendré 13 enfants.
Des documents, qui nous sont parvenus aujourd’hui, indiquent que cette union ne fut pas très heureuse. Le premier document ci-dessous, daté du 18 février 1704, nous apprend que son mari Alexandre l’a délaissée et qu’elle est retournée dans sa famille au Sault-Saint-Louis. Elle est alors en procès avec un dénommé François Brunet dit Bourbonnais qui l’a séduite et mise enceinte. Le document indique que le séducteur est François Brunet fils d’Antoine, mais c’est impossible puisque ce François est décédé en 1702. Il s’agirait plutôt du fils du même nom qui est alors âgé de 22 ans. C’est quelqu’un de la parenté puisque la mère de François est Barbe Beauvais, la sœur de Charlotte, la précédente épouse d’Alexandre Turpin. Barbe demeurait alors au Sault-Saint-Louis qui était situé à peu près où se trouve Verdun de nos jours. Nous croyons que c’est chez elle que Marie était allée se refugier. À la conclusion du procès, Marie Gauthier obtint un jugement favorable et le 20 mars de la même année, elle donne naissance à son premier enfant qui est baptisé le lendemain à Lachine sous le nom François Turpin. On peut conclure qu’Alexandre accepta de reconnaître l’enfant même s’il n’était pas de lui. Par la suite, on entend plus parler de cet enfant, dont on ne trouve aujourd’hui aucune trace, autre qu’un extrait de baptême.
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Suzanne Turpin et sa mère Marie Gauthier, une histoire de famille
Auteurs : Lyne Laroche et Georges Vaillancourt
Suzanne Turpin a épousé Jean Laroche, un pionnier né à Chef Boutonne, Poitou, France vers 1696. Leur mariage eut lieu à l’église Notre-Dame de Montréal, le 29 octobre 1723. Ils ont engendré une famille de 11 enfants qui sont à la source d’une grande lignée de Laroche. Nous avons convenu de commencer notre récit avec la naissance de la mère de Suzanne, même plusieurs années avant l’arrivée de Jean Laroche en Nouvelle France, parce que pendant cette période, il s’est déroulé à Montréal et autour, plusieurs évènements intéressants dont plusieurs inédits, qui auront une grande portée dans la suite de l’histoire de la lignée.
Marie (Josephe Marguerite) Gauthier est née le 19 avril 1684 à Lachine, mariée à Montréal le 25 février 1702 avec Alexandre Turpin Sandrille et inhumée le 20 mai 1728 à Ste-Anne-de-Bellevue. Elle est la fille de Pierre Gauthier Saguingoira [ i ], pionnier, né vers 1629 à Notre-Dame d'Échillais, évêché de Saintonge, France. Il était le fils de Jacques Gauthier et de Marie Boucher restés en France. Il mourut de fièvre le 5 décembre 1703 à l’âge de 74 ans et fut inhumé le lendemain à Lachine. Sa fille Marie, son fils Joseph, sa bru Clémence Jarry, ainsi que son gendre Jacques Denis, étaient présents (À noter l’absence d’Alexandre Turpin).
Pierre avait épousé à Montréal, le 12 novembre 1668, Charlotte Roussel, pionnière et fille du Roy. Sur l’acte de mariage, il est indiqué que les époux ne savaient pas signer leur nom. Jacques Lébert, marchand, Jean Gervais, habitant, ainsi que Charles Lemoyne de Longueuil étaient présents lors des funérailles et signèrent comme témoins C’est le père Gilles Pérot qui officiait.
Charlotte, née vers 1646 à Notre-Dame-la-Ronde, Évreux, Normandie, était la fille de Thomas Roussel et de Barbe Poisson demeurés en France. Il est dit qu’elle fut tuée lors du massacre de Lachine, le 5 août 1689, mais d’autres sources affirment qu’elle fut enlevée par les Iroquois et qu’elle mourut en captivité. On ajoute que Pierre Gauthier fut lui aussi enlevé pour n’être libéré que le 22 janvier 1698. On rapporte que lors de cette attaque 24 colons furent tués et que 70 à 90 autres furent enlevés.
Marie Gauthier n’avait que 5 ans lors de cet évènement. Privée de ses père et mère, il est raisonnable de supposer qu’elle a du être élevée par ses frères ou ses sœurs. À l’époque, seule Marie-Anne était mariée, elle venait d’épouser Jacques Denis au début de l’année, soit le 2 février 1689, on peut donc supposer que ce fut elle qui l’a prise en charge. Après, on n’entend plus parler de Marie avant le 25 février 1702 alors qu’à 17 ans, elle épouse Alexandre Turpin, maître d’armes, âgé de 61 ans qui en est à son troisième mariage et qui a déjà engendré 13 enfants.
Des documents, qui nous sont parvenus aujourd’hui, indiquent que cette union ne fut pas très heureuse. Le premier document ci-dessous, daté du 18 février 1704, nous apprend que son mari Alexandre l’a délaissée et qu’elle est retournée dans sa famille au Sault-Saint-Louis. Elle est alors en procès avec un dénommé François Brunet dit Bourbonnais qui l’a séduite et mise enceinte. Le document indique que le séducteur est François Brunet fils d’Antoine, mais c’est impossible puisque ce François est décédé en 1702. Il s’agirait plutôt du fils du même nom qui est alors âgé de 22 ans. C’est quelqu’un de la parenté puisque la mère de François est Barbe Beauvais, la sœur de Charlotte, la précédente épouse d’Alexandre Turpin. Barbe demeurait alors au Sault-Saint-Louis qui était situé à peu près où se trouve Verdun de nos jours. Nous croyons que c’est chez elle que Marie était allée se refugier. À la conclusion du procès, Marie Gauthier obtint un jugement favorable et le 20 mars de la même année, elle donne naissance à son premier enfant qui est baptisé le lendemain à Lachine sous le nom François Turpin. On peut conclure qu’Alexandre accepta de reconnaître l’enfant même s’il n’était pas de lui. Par la suite, on entend plus parler de cet enfant, dont on ne trouve aujourd’hui aucune trace, autre qu’un extrait de baptême.
BANQ Cote : TL4,S1,D747
Procès entre Marie Gauthier, femme d'Alexandre Turpin, plaignante, et François Brunet dit Bourbonnais, fils d'Antoine, accusé de séduction et d'avoir mis enceinte la plaignante . - 18 février 1704
- 2 document(s) textuel(s) (pièce(s))
Portée et contenu
Ce dossier de matière criminelle est composé des pièces suivantes : la déclaration de Marie Gauthier, disant que son mari l'avait délaissé pour aller aux Outaouais et qu'elle a eu le malheur de devenir enceinte du fait de la sollicitation importune de François Brunet, qui l'a séduite alors qu'elle demeurait chez sa famille au Sault-Saint-Louis ; la communication au procureur du roi, lequel requiert que Marie Gauthier aura soin de son "fruit" et que François Bourbonnais sera assigné pour répondre et devra subvenir aux frais de l'accouchement et de la nourriture ; et l'ordre à Marie Gauthier d'avoir soin de son enfant, de le faire baptiser et de faire rapport sur son accouchement .
Se référer à la case 5 du tableau en bas
Le 15 septembre 1704, Marie intente un nouveau procès, cette fois-ci pour séparation de biens avec son mari Alexandre Turpin. Est-ce une manœuvre pour sauver leurs quelques biens d’une possible faillite du mari? C’est difficile à dire. Pour bien comprendre ce dont il s’agit, il faudrait être capable de lire les documents originaux, ce que nous n’avons pas réussi à faire parce qu’ils sont vraiment illisibles. Peut-être que Marie possédait quelques biens lors de son mariage ou encore veut-elle préserver la compensation qu’elle a reçue de son séducteur François Brunet? Il ne s’agit pas d’une séparation de corps, car il semble que par la suite, ils soient demeurés ensemble jusqu’à la mort d’Alexandre Turpin, dont on ne connait pas la date exacte, mais qui est survenue avant le remariage de Marie Gauthier avec Joseph Poirier dit Desloges en la paroisse Notre-Dame de Montréal, le 16 septembre 1709.
BANQ Cote : TL4,S1,D788
Procès entre Marie Gauthier, demanderesse, et son mari Alexandre Turpin, maître en fait d'armes, défendeur, pour séparation de biens . - 15—17 septembre 1704
- 5 document(s) textuel(s) (pièce(s))
Portée et contenu
Ce dossier de matière civile est composé des pièces suivantes : la requête en séparation de biens par Marie Gauthier, contre Alexandre Turpin, lequel ne l'avait pas informé, lors de son mariage, de ses nombreuses dettes; la permission d'assigner ses témoins et son mari et l'ordre de comparution à ces derniers ; le rapport d'assignations ; le procès-verbal d'enquête ; l'information judiciaire ; le dictum de sentence de séparation ; et le mémoire de frais. Les témoins sont Jean-Baptiste Pâtissier dit Saint-Amand et Pierre Perthuis, marchand bourgeois .
Se référer à la case 7 du tableau en bas
Le 17 août 1705 à Sainte-Anne-de-Bellevue, Marie Gauthier met au monde son deuxième enfant, une fille qui sera baptisée le même jour sous le nom de Suzanne Turpin. Suzanne n’aura pas la chance de bien connaitre son père puisqu’il décèdera vers l’âge de 68 ans avant qu’elle n’atteigne cinq ans. Elle aura eu cependant beaucoup de demi-frères et demi-sœurs. En effet, Alexandre Turpin a eu 5 enfants de son premier mariage et 8 de son second. Après sa mort, sa troisième épouse Marie Gauthier s’est remariée avec Joseph Poirier et ils ont eu 9 enfants. Il semble que Suzanne soit demeurée chez sa mère et son beau père à l’Ile Perrot à l’ouest de Montréal jusque vers l’âge de 16 ans alors qu’elle partit travailler comme servante pour Marie Madeleine Lemoyne qui vivait, avec son second mari René Godefroy de Linctot, sur la rue St-Paul à Montréal dans une demeure que René avait fait construire sur un terrain dont Marie Madeleine Lemoyne avait hérité au décès de son premier mari Jean-Baptiste Beauvais, frère de Charlotte Beauvais, la deuxième épouse d’Alexandre Turpin. Donc la mère de Suzanne, Marie Gauthier, devait avoir connu Marie Madeleine avant la mort de Jean-Baptiste survenue avant 1708. C’est probablement pour cela qu’elle permit à Suzanne d’aller travailler pour elle à Montréal même si elle était encore très jeune.
À Montréal sur la rue François-Xavier au coin de la rue St-Paul où Suzanne travaillait, il y avait le boulanger Antoine Poudret, un célibataire de 31 ans. Nous supposons que c’est en allant quérir du pain que Suzanne l’a connu. Des documents trouvés à la BANQ (voir encadré ci-dessous) démontrent qu’Antoine aurait abusé d’elle et l’aurait mise enceinte probablement quelque part dans une pièce de la boulangerie, puisque Madame de Linctot (Marie Madeleine Lemoyne) ne l’aurait pas laissé approcher la jeune fille car il n’avait pas une bonne réputation, d’autres procès en témoignent. Suite à cet incident, le beau-père de Suzanne, Joseph Poirier, a poursuivi Antoine Poudret pour obtenir réparation.
BANQ Cote : TL4,S1,D2849
Procès entre Joseph Poirier dit Desloges, époux de Marie Gauthier, de l'île Perrot, plaignant, et Antoine Poudret, fils, boulanger, accusé d'abus sur Suzanne Turpin, fille de feu Alexandre et Marie Gauthier. - 29 décembre 1722
Portée et contenu
- 2 document(s) textuel(s) (pièce(s))
Ce dossier de matière criminelle contient la requête de Joseph Poirier, disant que sa belle-fille, Suzanne Turpin, aurait été engagée pour servir la dame de Linctot et qu'elle aurait été abusée par le boulanger Antoine Poudret, fils, sous de fausses promesses de mariage et qu'elle en est enceinte. Il demande de faire emprisonner le coupable pour séduction et demande la tenue d'un procès extraordinaire. Le dossier contient aussi la communication au procureur du roi, lequel n'empêche la tenue d'un procès et l'emprisonnement de l'accusé ; de même que le décret de prise de corps contre ce dernier.
Se référer aux cases 10 à 12 du tableau en bas
Le 16 avril 1723 naissait donc la première enfant de Suzanne Turpin qui fut baptisée Marie Clémence Turpin. Le nom du père n’est pas mentionné sur l’acte de baptême. À la naissance de l’enfant, le père Antoine Poudret était âgé de 32 ans et Suzanne Turpin avait 17 ans.
C’est le 29 octobre 1723, soit un peu plus de six mois après la naissance de Clémence que Suzanne Turpin unissait son destin à celui de Jean Laroche à l’église Notre-Dame de Montréal. Celui-ci a surement reconnu Clémence comme son enfant puisqu’elle s’est mariée sous le nom de Marie-Clémence Laroche, le 17 août 1739 avec Pierre Monbleau dit Latulippe. Elle avait un peu plus de 16 ans et elle était certainement enceinte lors de son mariage, car elle donna naissance à une fille, baptisée Marie Josephe Monbleau, le 10 décembre 1739, soit un peu moins de 4 mois après son mariage.
Barbe, Charlotte et Jean-Baptiste Beauvais sont frère et soeurs. Ils sont à la source des liens entre les autres personnes dans l'article ci-dessus. La chronologie des événements est numérotée de 1 à 15.
1
Barbe Beauvais (1656-1746)
Épouse en 1672
François Brunet, père, (1644-1702)
2
Charlotte Beauvais (1667-?) devient en 1684 la seconde épouse d’Alexandre Turpin (ca 1641-/1709)
3
Jean-Baptiste Beauvais
(1662/ca1708)
épouse en 1697
Madeleine Lemoyne (†ca 1728)
5
François Brunet, fils (1682-1740)
séduit en 1703 Marie Gauthier
au Sault-St-Louis
4
Alexandre Turpin (ca 1641- av 1709) épouse en troisième noce Marie Gauthier (1684-1728) le 25-2-1702
6
Un fils François Turpin nait de cette aventure le 21-3-1704 , on lui donne le patronyme Turpin
8
Suzanne Turpin (1705-1797) nait le 17-8-1705.
9
Madeleine Lemoyne (†ca 1728) épouse en deuxième noce en 1709 René Godefroy de Linctot
7
Procès pour séparation de biens entre Marie Gauthier et Alexandre Turpin
14 au 17 septembre 1704
10
Alexandre Turpin est décédé, Marie Gauthier épouse
Joseph Poirier (ca 1685-1754) en 1709
11
Suzanne Turpin part travailler chez sa "tante" Madeleine de Linctot en 1722. Elle est séduite par le boulanger Antoine Poudret, fils (ca 1691- )
13
Suzanne Turpin (1705-1797) épouse Jean Laroche 6 mois plus tard le 29/10/1723. Celui-ci adopte Marie-Clémence
12
Suzanne Turpin, célibataire, donne naissance à Marie-Clémence Turpin le 16 avril 1723
14
Marie-Clémence épouse Pierre Monbleau le 17-8-1739, sous le nom de Marie-Clémence Laroche
15
Marie -Clémence donne naissance moins de 4 mois plus tard à
Marie-Josephe Monbleau
le 10-12-1739
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