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Voir le très beau site: http://laprisemerciertrepanierorigines.blogspot.com/2014/11/cliche-nicolas-et-marie-madeleine.html (Je crois qu'il y a eu erreur entre Nicolas né en 1676, décédé en 1686 et Nicolas Lucien né en 1687) :
L'aîné de la famille Cliche naquit à la basse ville de Québec et fut baptisé le 10 octobre 1676. Jean Charron, dit Laferrière, ancien soldat du régiment de Carignan, pour lors taillandier, se présente comme le parrain du fils Nicolas. De plus, Simone Bisson, sage-femme, épouse de Nicolas Gauvreau, armurier, serrurier et arquebusier, avait été choisie comme marraine. Or, à partir de 1677, Nicolas Cliche a toujours porté le titre de maître serrurier, et même une fois, celui d'armurier. Qui nous empêche de conclure que Nicolas fréquentait les gens du métier, en particulier Nicolas Gauvreau, peut-être son maître et son employeur?
Le perfectionnement de l'outillage et le travail de la machine ont presque éliminé le métier de serrurier. Cependant, la serrure, ce petit appareil de fer ou de cuivre appliqué sur le bord du vantail de porte ou d'une armoire, sur les coffres, les tiroirs et les secrétaires, sert encore à les tenir fermés au moyen d'une clef.
Nicolas Cliche connaissait le palastre, la gâche, l'ergot du ressort formant l'arrêt du pêne. Il possédait des limes, des pinces, différents marteaux, un étau, une enclume, etc., tout ce qu'il fallait pour mériter le titre de maître spécialisé en serrurerie. Quant au métier d'armurier, il consistait à réparer et à nettoyer les armes à feu. L'armée recourait souvent au service d'un armurier.
Location et achat
Nicolas Cliche, le 5 septembre 1677, avait décidé de louer pour trois ans une maison à la basse ville de Québec, rue Notre-Dame. Les voisins nommés au bail avaient nom Thierrey Delestre, dit DuVallon, maître tailleur d'habits, et le sieur bailleur lui-même, Noël Pinguet, bourgeois, qui jouissait d'une partie "dud bastiment".
La maison de Robert Paré jouxtait celle de Pinguet. Les Cliche vivraient désormais moins à l'étroit dans un loyer possédant "cave, cuisine, cabinet et Grenier". Pour être bien logé, il leur en coûta 100 livres par année.
Posséder un lopin de terre bien à soi, voilà le rêve de la majorité des humains. Nicolas Cliche désirait avoir sa portion de ville sur laquelle il pourrait bâtir ce qu'il voudrait.
Philippe Gauthier, sieur de Comporté, consentit à vendre un terrain près du quai de Québec, à "l'air du cul de Sacq à la Fontaine de Champlain, comptant vingt huict pieds de front sur le fleuve saint-Laurent à prendre au dessus de la haute marée et de profondeur jusqu'au bout de la coste du cap aux diamants".
Nicolas et Marie-Madeleine se déclarèrent prêts à verser un jour 200 livres comme prix de cette acquisition. En attendant, ils verseront 10 livres annuelles de rente, soit 5%. Le vendeur posa cependant une condition, du reste bien accueillie par les acheteurs, celle de construire une maison avant deux ans "sur led emplacement".
Pourront-ils tenir leur promesse? Est-ce bien là qu'ils transporteront leurs pénates?
Bâtir, c'est pâtir
Le maître serrurier Cliche pouvait même se permettre d'engager des apprentis. Avoir des élèves étudiant un métier, c'était en somme se faire aider à remplir mieux ses commandes.
Jacques Guay, fils de Jean Guay et de Jeanne Mignon, 14 ans, s'était engagé à l'été 1679 comme apprenti serrurier chez Nicolas Cliche. L'adolescent malingre et souffreteux, peut-être même un tantinet capricieux, ne tint pas le coup. Sa mère, une femme de cran, s'appuyant sur les propos d'un chirurgien, profita de l'absence de son mari pour casser l'engagement, le 07 décembre 1679. Jeanne Mignon s'en tira avec 12 livres de frais de scolarité au lieu de 30.
Pour se faire aider, Nicolas Cliche, armurier, prit à son service, le 2 avril 1680, Nicolas Pré.
Dès le 4 avril 1680, Nicolas Cliche engageait les maçons Louis et Sylvain Duplais pour faire toute la maçonnerie "de sa maison au cul de sac laquelle est déjà commencée pour et moyennant le prix et somme de 4 livres et 5 sols par chacune toise de la muraille".
Les engagés tailleront eux-mêmes les pierres de coin de la maison. Cependant, s'ils taillent les pierres de la cheminée, Louis et Sylvain recevront un supplément monétaire pour leur travail, qui devra être terminé le vendredi 9 août.
Restait une partie importante de la maison à réaliser, la couverture. Pierre Gatien, dit Tourangeau, couvreur et ramoneur, promit, le 18 juillet 1680, et s'obligea à fournir tout le matériel nécessaire: planches, clous, bardeaux de cèdre, et à faire lui-même les travaux. Mais, Nicolas Cliche devait trouver les planches pour les trois lucarnes dont deux devront être placées du côté de la rue. L'entrepreneur reçut 5 livres, 5 sols pour la toise de couverture "faicte et parfaicte".
Les Cliche purent emménager dans leur belle maison avant la fin de cette année-là. Le recensement de l'hiver 1681 indique qu'ils vivent à la basse ville entre Nicolas Rousselot et la veuve Martin Fouquet. Ils ont quatre enfants et possèdent un fusil.
La maison Cliche n'était pas encore terminée que le voisin Rousselot s'aperçut qu'elle empiétait sur son terrain d'au moins un pied sur un coin.
L'erreur aurait pu soulever une tempête devant la Justice et causer des sueurs froides au nouveau propriétaire.
Il n'en fut rien. Le 4 novembre 1680, Cliche et Rousselot procédèrent devant notaire à un simple échange de terrain. Bâtir, ce n'est pas toujours pâtir.
Un deuil
Les Cliche n'avaient pas eu peur de l'avenir en se construisant une maison de pierre à la basse ville de la capitale. L'avenir semble leur avoir démontré qu'ils avaient risqué peut-être au-delà de leurs moyens. Ils liquidèrent leur nouvelle propriété à un plus fort, un bourgeois, un seigneur de plusieurs seigneuries, Charles Aubert, sieur de La Chesnaye. Comme il avait le gros bout du bâton, l'acheteur n'ouvrit pas sa bourse d'un seul coup en payant comptant la valeur globale de la propriété. Le 07 avril 1682, il offrit de payer une rente perpétuelle de 70 livres par année, pour l'emplacement de 40 pieds de front, de 30 de profondeur, et la maison. Il fallut bien trouver un logis ailleurs.
Catherine Vannier, mère de Marie-Madeleine Pelletier, décéda le 18 mars 1684, à
Sainte-Anne du Petit-Cap. Ce fut un grand deuil pour les membres de cette digne famille.
À cause de leur épouse, les beaux-frères Guillaume Morel et Nicolas Cliche devenaient héritiers d'une portion des biens de Georges Pelletier. Les choses s'arrangèrent à l'amiable. Nicolas vendit sa part à Guillaume Morel, habitant de Sainte-Anne, le 17 juillet 1685.
Et la vie continua sans anicroche au foyer Cliche, mais pas pour tellement longtemps.
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